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IMPLICATION THÉORIQUE DU RÉDUCTIONNISME CONSTITUTIF

IMPLICATION THÉORIQUE DU RÉDUCTIONNISME CONSTITUTIF

Dans cet article, je présente une conséquence théorique du « réductionnisme constitutif1 » d’après lequel nous, sujets d’expériences conscientes, sommes essentiellement des entités de nature conceptuelle dont l’existence est réductible à celle de notre vie mentale2.

La première section sera consacrée à une présentation du réductionnisme susmentionné ; puis dans une seconde section, je présenterai l’implication théorique évoquée en adoptant la stratégie suivante : en supposant que la prémisse réductionniste est vraie, nous verrons qu’il devrait s’ensuivre que (A) tout cerveau peut être le support de notre vie mentale.


1. Réductionnisme d’existence


Notre tendance naturelle est de nous concevoir comme un sujet d’expériences conscientes (sensations, pensées, émotions, etc.), c’est-à-dire comme une entité réelle dont l’existence est distincte de celle d’autres entités réelles et dont la survie dépend. Une entité qui assure l’unité de sa conscience et de ses expériences dans la mesure où celles-ci lui appartiennent. Pour les tenants du réductionnisme, notre existence n’est pas indépendante des éléments qui entrent dans sa constitution (corps, cerveau et série d’événements psychophysiques)3. En effet, nous n’avons jamais directement conscience d’un sujet d’expériences conscientes indépendamment de nos expériences, mais uniquement de nos expériences elles-mêmes4. Pour autant, nier la réalité de notre existence et la réduire à celle d’un ensemble d’entités réelles ne signifie pas que nous sommes ces entités ou ne sommes pas : nous sommes une entité abstraite, conceptuelle, tirant notre nature du langage et résultant de cet ensemble5.

1 D. Parfit, « Experiences, Subjects, and Conceptual Schemes » (dorénavant ESCS), in Philosophical Topics, vol. 26, n°1, 1999, p. 218.

2 Au sens précis de la série de nos expériences conscientes, états de conscience ou états mentaux conscients ; D. Parfit, « Divided minds and the nature of persons » (dorénavant DMNP), in C. Blakemore et S. Greenfield (éds.), Mindwaves, Oxford, Basil Blackwell, 1987, p. 20-5 ; D. Parfit, Reasons and Persons (dorénavant RP), Oxford, OxUP, 1984, p. 284. 3 RP, p. 211 ; ESCS, p. 223.

4 La conscience d’un objet particulier implique une perspective « à la première personne ». La continuité de cette perspective explique le sentiment d’être un sujet d’expériences, une substance endurante, quand bien même il n’existe réellement que des états de conscience qui se succèdent : un flux de conscience ; RP, p. 223.

5 À l’instar d’une statue composée de marbre ou d’une table composée de bois ; RP, p. 472 ; DMNP, p. 20.

On parle alors de réductionnisme constitutif dans sa version la plus générale[1], car en effet, cette collection d’éléments constitutifs, à laquelle notre existence se réduit supposément, est acceptée par tout type de réductionnisme. Pour le réductionnisme constitutif, tous les éléments ne s’avèrent pas nécessaires à notre existence continue, à notre « persistance », car nous pouvons survivre à la perte de membres et au remplacement de certains organes. Nous pouvons également imaginer des cas de survie où seul le cerveau continue d’exister7. Un critère d’identité physique plus plausible n’exigerait donc que l’existence continuée du cerveau – ou plus précisément de suffisamment du cerveau pour maintenir la conscience8. Cependant, si l’on estime que l’existence de notre cerveau est essentielle à la nôtre ce n’est que parce qu’elle assure la continuité de notre vie mentale[2] : le cerveau n’a d’importance que comme support de ce qui est réellement essentiel à notre existence, notre vie mentale. La question qui se pose alors, et à laquelle je compte apporter un élément de réponse, c’est de savoir si notre vie mentale pourrait subsister sans notre cerveau actuel – avec d’autres.

2. Implication théorique

Imaginons un télencéphale « X » sain être progressivement remplacé, lobe après lobe, par un télencéphale « Y », sain également, à l’aide d’un procédé technique quelconque capable de transplantations instantanées, effectuées lors d’une opération intracrânienne éveillée. Cette opération préserve hypothétiquement l’activité cérébrale et ipso facto la conscience, à mesure que (1) les lobes transplantés sont analogues aux lobes remplacés, et que (2) les connexions fonctionnelles sont instantanément établies.

À posteriori, il est raisonnable d’estimer que (A) est plausible, dans la mesure où si :

(a) l’état de conscience dépend de l’activité de nombreuses régions cérébrales[3] ; et que

(b) l’activité cérébrale nécessaire à l’état de conscience a été préservée (continue) ; alors

(c) le sujet d’expériences conscientes initial survit (le flux de conscience est continu et les souvenirs et traits de personnalité n’ont d’importance que pour l’identité personnelle).

Bibliographie

Laureys S., M.-É. Faymonville et P. Maquet., « Quelle conscience durant le coma », in Pour la Science, n°302, 2002, p. 122-28.

Naccache L. et S. Dehaene., « La perception subliminale : un aperçu sur l’inconscient », in Pour la Science, n°302, 2002, p. 96-102.

Parfit D., « Divided minds and the nature of persons », in C. Blakemore et S. Greenfield (éds.), Mindwaves, Oxford, Basil Blackwell, 1987, p. 19-26.

Parfit D., « Experiences, Subjects, and Conceptual Schemes », in Philosophical Topics, vol.

26, n°1, 1999, p. 217-70.

Parfit D., Reasons and Persons, Oxford, Oxford University Press, 1984.

[1] RP, p. 223. 7 RP, p. 253. 8 La vision consciente d’un objet implique une activité intense et supérieure à 250 ms dans le cortex occipital (qui est le cortex visuel) et également dans le réseau impliqué dans la conscience (le cortex frontal ainsi que le précunéus et le gyrus cingulaire postérieur de l’hémisphère dominant). Voir S. Laureys, M.-É. Faymonville et P. Maquet, « Quelle conscience durant le coma », in Pour la Science, n°302, 2002, p. 122-28 ; et L. Naccache et S. Dehaene, « La perception subliminale », in Pour la Science, n°302, 2002, p. 96-102. [2] RP, p. 284. [3] Voir note 8.

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